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Rapport de l’Anafé sur l’enfermement administratif des personnes étrangères en France en 2018 et 2019

8 octobre 2020 dans dans Migrations

L’Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers) a publié mardi 29 septembre, son rapport annuel sur la situation en 2018 et 2019 dans les zones d’attente (dites ZAPI – zone d’attente pour personnes en instance) où sont placées les personnes étrangères non-admises sur le territoire français. En 2018, ce sont plus de 9 850 personnes qui ont été retenues en ZAPI en France. L’Anafé dispose depuis 1995 du droit de visite inopiné dans les zones d’attente.

Ces espaces d’enfermement se trouvent dans des aéroports, dans des gares ou près de ports, la France en compte 96. Les personnes qui s’y retrouvent ont souvent été interpellées à leur descente du train ou au pied de l’avion dans lequel elles se trouvaient. Elles restent ensuite en ZAPI jusqu’à ce que leur situation administrative soit clarifiée et être éventuellement admises sur le territoire ou bien elles sont renvoyées vers le pays de provenance. 

Dans ce rapport, l’Anafé alerte sur un traitement inhumain des personnes en ZAPI. Elles sont fréquemment confrontées à l’absence d’informations sur leurs droits, à l’absence d’interprète ou d’accès à des soins, à une nourriture insuffisante, à de mauvaises conditions sanitaires ou encore à des refus d’enregistrement d’une demande d’asile, ainsi qu’à des pressions voire des violences policières et des propos discriminatoires de la part des forces de l’ordre.

Pour recueillir ces informations sur les conditions d’enfermement des personnes en ZAPI, des militant.e.s associatifs organisent des « visites surprises » et font face à des difficultés. L’un des volontaires de l’Anafé a visité la zone d’attente d’Orly en juin 2019 : « Cette visite semblait déranger. Cela a été le parcours du combattant pour pouvoir entrer. On m’a d’abord refusé l’accès, ce qui est contraire au droit. J’ai subi une intimidation de la part des forces de l’ordre : en me palpant au vu et au su de tous ;en faisant des réflexions sur mes vêtements ». Cette stratégie des forces de l’ordre sert à « déstabiliser » et à « décrédibiliser sa visite », ce qui constitue un frein au travail et à la liberté d’action de l’association.

L’Anafé fustige notamment le « fantasme du péril migratoire », qui vient légitimer et normaliser un « système (de ZAPI) quasi-carceral ». La seule solution pour l’association réside dans la fermeture de ces zones.

Revue de presse :

« France/migrants : hausse des "violations des droits" aux frontières (association) », Médiapart, le 29 septembre 2020

« "La zone d’attente" : mettre fin à l’enfermement des étrangers », Guiti News, le 29 septembre 2020

« Les zones d’attente aux frontières, ces lieux de non-droit où les étrangers sont désormais soumis "au flair policier" », Info Migrants, le 29 septembre 2020

« Anafé : "La mobilisation contre l’enfermement administratif des personnes étrangères est une nécessité" », L’Humanité, le mercredi 30 septembre 2020

« New Calais migrant camp dismantled by French authorities », Info Migrants, le 30 septembre 2020

« Anafé : "The mobilization against the administrative confinement of foreigners is a necessity" », Pledge Times, le 30 septembre 2020