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Le bras de fer victorieux du Genepi

20 avril 2017 dans dans Libertés associatives

Après avoir annulé une partie de la subvention de l’association Genepi, le ministère de la Justice fait marche arrière.

CC Olli Homann

Fin novembre 2016, par l’intermédiaire du Collectif des associations citoyennes (CAC), VoxPublic était contacté par l’association Genepi, association estudantine qui depuis 40 ans assure une présence auprès de personnes incarcérées via leurs 50 groupes locaux en France. Le Genepi s’est aussi donné pour mission de sensibiliser l’opinion publique sur la situation – déplorable – des prisons françaises. Structurés sur une logique démocratique forte, les permanents du bureau sont renouvelés entièrement chaque année sous forme de service civique proposé aux étudiants adhérents.

En 2016, la campagne de communication du Genepi, autour du slogan « La prison nuit gravement à la société », a déplu à la direction de l’administration pénitentiaire. A travers ses critiques contre l’univers carcéral, le Genepi ne disait rien d’autre, à sa manière, que ce que des institutions officielles, comme le Contrôleur général des lieux privatifs de liberté, disent aussi. La situation des prisons françaises n’est pas tolérable et constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux des personnes privées de liberté. Tout ceci contribue à l’échec sociétal mis en avant par le Genepi puisque en France le taux de récidive après une peine de prison ferme est l’un des plus forts d’Europe.

Après un premier rendez-vous début février, en forme d’avertissement, avec le directeur de l’administration pénitentiaire (DAP), à l’époque M. Philippe Galli, le Genepi reçoit, le 10 mars, à sa grande surprise, un courrier de la DAP lui annonçant que sa subvention – dès 2017 - sera réduite « à hauteur de 30 000 euros » compte tenu de « l’opposition trop marquée » et des prises de position « en contradiction avec un partenariat loyal, transparent et de confiance ». L’association s’en trouvait non seulement fragilisée financièrement, mais surtout les justifications données (« on ne mord pas la main qui vous nourrit ») montraient une volonté claire de réduire la liberté d’action et d’opinion de l’association.

Le Genepi a décidé de travailler en collaboration avec VoxPublic pour envisager et mettre en place sa stratégie visant à instaurer un rapport de force plus équilibré et obtenir du ministère qu’il revienne sur sa décision. L’objectif était non seulement financier mais aussi de préserver la liberté de l’association. En l’espace d’un mois, le Genepi a réussi à la fois à consulter ses bénévoles pour s’assurer qu’il y avait un consensus pour réagir publiquement, à rédiger un courrier argumenté au ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, à alerter des médias, à mobiliser des soutiens, anciens du Genepi ou organisations proches (Observatoire international des prisons …).

Sous la pression, le ministre de la Justice a, selon Le Monde daté du 20 avril, annulé la décision de réduction de la subvention. Il reste désormais à vérifier que cet engagement public du ministre (sortant) sera respecté. VoxPublic restera aux côtés du Genepi dans cette dernière étape.