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Inégalités et numérique : réussite de la rencontre #ASSOTECH

20 octobre 2017 dans dans Libertés associatives

Une trentaine d’acteurs du monde associatif et du numérique se sont rencontrés pour parler d’outils et de stratégies innovantes pour lutter contre les inégalités et les discriminations.

Clara Boudehen de Parlement et citoyens

Ce jeudi 19 octobre, VoxPublic, en partenariat avec Citizens for Europe, organisait la première rencontre #ASSOTECH au Tank à Paris sur le thème «  Discriminations et inégalités : quels outils numériques pour mobiliser les publics concernés, défendre leurs droits et interpeller efficacement les élus ? » Pour VoxPublic, il y avait urgence à réunir ces deux mondes, ceux de l’ associatif et du numérique citoyen, qui ont tant à partager et à apprendre l’un de l’autre. Et le pari a été gagné : une très belle journée, riche en réflexions, où chacun.e est venu.e mettre en commun ses problématiques, ses outils et ses savoir-faire.

L’engagement sur internet : entre gamification et dégooglisation

La journée a débuté par la présentation de trois projets associatifs ET numériques à la fois, emblématiques de ces innovations porteuses de sens et d’une grande maîtrise des outils numériques. Tout d’abord, Tanguy Morlier a présenté Regards citoyens qui agit pour la transparence de l’action de parlement et l’accès aux données publiques (« OpenData »), expliquant comment l’association est parvenue à mobiliser des milliers d’internautes pour collecter et trier des données crowdsourcing ») sur l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) des députés, ainsi que rendre visible l’activité des lobbyistes à l’Assemblée. L’une de clé d’un crowdsourcing réussi serait la « gamification » de ce travail, qui s’inspire des jeux vidéo, pour le rendre plus ludique aux yeux des bénévoles.

Clara Boudehen a ensuite présenté Parlement et Citoyens, une plateforme consultative qui permet à des élus de soumettre des projets de loi aux citoyens afin de proposer des amendements. Clara a encouragé les associations à s’impliquer, elles et leurs communautés d’adhérents, sur ces nouveaux outils de lobbying citoyen. Enfin, Pierre-Yves Gosset, délégué général de Framasoft, a présenté aux participants l’ensemble des outils numériques libres développés par son association pour « dégoogliser internet » et rappelé aux militants que la protection de leurs données personnelles est fondamentale.

Bonnes pratiques : collaborer pour apprendre à se parler

La matinée s’est poursuivi par un temps d’échange collectif très riche où chaque participant a pu faire part de son expérience, partager ses bonnes pratiques mais aussi parfois ses questionnements sur les difficultés à intégrer la culture numérique. Côté mobilisations en ligne : le directeur de Change.org, Benjamin des Gachons a présenté les ficelles pour une pétition impactante, notamment les efforts de « storytelling » et de personnification nécessaires. Ce fut aussi l’occasion de parler du « crowdfunding » ou appel au don en ligne, avec Jean-Baptiste Paulhet, directeur de GoFundMe France (et aussi administrateur de VoxPublic).

Enfin, la matinée s’est terminée sur les nouvelles pratiques d’interpellation des décideurs et de lobbying en ligne, notamment via des plateformes consultatives mises en place par les pouvoirs publics. A ce titre, plusieurs associations, comme Romeurope ou Action Droits des Musulmans, soulignaient le risque de faible inclusivité des populations les plus précaires dans ces procédures. Pour tenter d’apporter une réponse, Tamer El Aïdy, responsable numérique aux Petits débrouillards, a plaidé pour la formation des jeunes à l’utilisation citoyenne des outils numériques pour assurer une participation élargie.

Ateliers collaboratifs

Rendez-vous est donné pour affronter les défis de demain

L’après midi, les participants se sont réunis en atelier pour un exercice pratique visant à inventer trois campagnes, incluant des éléments de stratégie numérique, à partir de situations réelles et concrètes touchant aux discriminations et au sexisme, à l’accueil des migrants et à l’accompagnement des personnes en situation de précarité. Ce fut l’occasion de démontrer les synergies possibles et créatives qui existent quand le monde du numérique rencontre le monde associatif.

En fin de journée, Clément Mabi (Maître de conférence à l’UTC Compiègne) a présenté une synthèse des enjeux soulevés durant cette journée, soulignant que le numérique peut permettre de renforcer les capacités d’action des associations, notamment en terme de décentralisation (mieux couvrir le territoire), de mise en relations (élargissement des communautés bénévoles) et de coordinations (outils d’animation et de mobilisation). Il a ouvert également plusieurs pistes de réflexion sur la nécessité d’inclusivité et de représentativité sociale des nouveaux outils numériques, pointant du doigt «  le risque de faire des outils numériques pour les mêmes publics qui les conçoivent, c’est à dire des hommes jeunes, blancs et urbains.  » Il évoqua enfin la tendance à la « gadgetisation », qui guetterait certaines «  innovations démocratiques », en invitant les acteurs des civic-tech à réfléchir à des solutions répondant aux besoins concrets de personnes victimes de discriminations ou d’injustices, pour imaginer des technologies numériques adaptées.

Table ronde : Pierre-Louis Rolle, Paula Forteza et Clément Mabi

La soirée au Tank s’est poursuivie avec une table ronde ouverte au public sur le thème « Comment utiliser des outils numériques pour renforcer la relation acteurs publics et société civile dans la lutte contres les inégalités et les discriminations ? » avec Paula Forteza, députée et présidente du groupe de travail « démocratie numérique et participation citoyenne » et Pierre-Louis Rolle de l’Agence du numérique. Mme Forteza a notamment insisté sur le fait que les consultations numériques ne sont pas une fin en soi. Elles sont un outil, complémentaires de rencontres en présentiel dans lesquelles les associations ont toute leur place. P-L Rolle a expliqué comment des villes comme Nanterre (où il a travaillé) ou l’État (Agence du numérique) mettent au point des démarches de consultation numérique qui permette aux personnes défavorisées de participer.

La journée s’est conclue sur une promesse de se revoir entre tou.te.s les participants, avec l’idée d’une seconde rencontre en 2018, de futures formations au numérique pour les associations et l’idée d’un hackathon participatif en appui à des associations de quartiers populaires.

Les participant.e.s à la rencontre #ASSOTECH