Associations et collectifs mobilisés contre les fermetures de centres d’hébergement
14 juin 2018 dans dans Justice sociale et environnementale
En hiver, les hommes et les femmes à la rue appellent le 115 pour demander assistance. Si leur demande est prise en compte, ils sont orientés vers des centres d’hébergement d’urgence ou, pour les familles avec enfants, vers des hôtels. Mais quand reviennent les beaux jours, ces personnes sont forcées de quitter ces centres, pour rejoindre des habitats encore plus précaires (gymnases, etc), et pour beaucoup, retourner à la rue. Cette année, la situation est d’autant plus flagrante que des restrictions des critères d’accueil et des coupes budgétaires ont été décidées par l’administration. Mais la riposte associative et citoyenne s’organise.
Dans les Hauts-de-Seine, les associations ont tiré le signal d’alarme mi-mai après qu’environ 200 familles ont été sommées de quitter l’hôtel où elles logeaient. Normalement, les familles avec enfants de moins de 3 ans, les femmes enceintes ou victimes de violences conjugales et les personnes handicapées sont prioritaires, mais l’administration a décidé de durcir les contrôles. Ainsi, le Parisien se fait l’écho de plusieurs mères célibataires avec leurs enfants priées de décamper de leurs hôtels. D’autres personnes se voient aussi intimer de retourner à la rue car leur handicap ne serait pas assez lourd comme le rapportait France bleu.
En cause également, des coupes budgétaires qui atteignent 38 millions d’euros (9% du budget) pour la seule Île-de-France dans le secteur de l’hébergement d’urgence sur l’année 2018. Les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), qui accueillent 43 000 personnes sans domicile pour des périodes de plusieurs mois ou années, sont sous pression pour faire 53 millions d’euros d’économies en 4 ans, dont 20 millions dès 2018.
Le collectif Sans Toit, Pas Sans Nous Nous basé aux Grands Voisins à Paris (14e) et composé de travailleurs sociaux et de citoyens, dont certains en situation de précarité, s’est constitué pour alerter sur la fermeture de 58 centres parisiens et l’expulsion prochaine de milliers de personnes. Selon ce collectif « entre mars et fin juin 2018, 2816 personnes hébergées sur Paris voient leur centre d’accueil fermer sans proposition sérieuse d’hébergement. » Le collectif a fait appel à VoxPublic pour le soutenir dans sa campagne d’interpellation des décideurs. Ces citoyens mobilisés ont lancé une campagne d’alerte de l’opinion publique, via des actions de rue avec le soutien du photographe JR, et une pétition, que nous vous invitons à signer et partager (#UnToitPourTous), sur le site Change.org adressée aux ministres Jacques Mézard, Julien Denormandie et Gérard Collomb.
Enfin, les trente cinq associations réunies au sein du Collectif des Associations Unies (CAU), dont le CNDH Romeurope, partenaire de VoxPublic, ont décidé de remettre en cause ce durcissement des critères d’hébergement des populations les plus précaires en lançant une opération de « soutien aux structures locales qui souhaiteraient s’engager dans un contentieux juridique contre la remise à la rue de ménages qu’elles accompagnent ». La plateforme propose ainsi de fournir à des structures demandeuses : « des information sur les réflexes à adopter pour réagir, à l’amiable et sur le terrain contentieux, ainsi que la mise en relation avec des avocats et juristes actifs sur les différents territoires ». Si cette démarche vous intéresse, VoxPublic peut vous aider à entrer en contact avec le CAU pour que l’été ne soit pas synonyme de nuits en plein air forcées pour celles et ceux que l’on devra à nouveau protéger l’hiver prochain, quand le froid et l’attention de l’opinion publique reviendront.
L’équipe de VoxPublic- juin 2018