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A Briançon, la solidarité et les libertés associatives menacées par les mesures anti-accueil du nouveau maire

17 septembre 2020 dans dans Migrations

Nouvellement élu, le maire de Briançon et président de la communauté de communes, M. Arnaud Murgia a demandé à deux associations, Refuges Solidaires et Tous Migrants, de rendre les locaux qu’elles utilisent pour les maraudes et la mise à l’abri des exilé.e.s qui traversent au péril de leur vie la frontière franco-italienne par les cols alpins.

Depuis cinq ans, plus de 11 000 hommes, femmes et enfants jetés sur les routes de l’exil ont traversé au péril de leur vie la frontière franco-italienne nord, pour transiter ensuite par Briançon l’espace d’une nuit ou de quelques jours au sein du Refuge solidaire ou chez l’habitant. Il y a trois ans, les associations obtenaient, avec l’accord de la mairie et de la communauté de communes, la mise à disposition d’un bâtiment inter-communal inoccupé. Rapidement, grâce à l’investissement de nombreux bénévoles, le « Refuge solidaire » est devenu un havre de repos et de soins pour celles et ceux qui viennent de franchir la frontière.

Les acteurs de la solidarité sont multiples et bien organisés sur tout le Briançonnais, créant ainsi un écosystème associatif vertueux permettant un accueil digne et une bonne prise en charge des nouveaux arrivants, là où les services de la préfecture peinent à répondre aux besoins d’hébergement ou de santé. Pourtant, le nouveau maire de Briançon élu en juin, M. Arnaud Murgia (Les Républicains), a décidé de ne pas renouveler la convention d’occupation du bâtiment et enjoint à l’association Refuges Solidaires d’évacuer le bâtiment au plus tard le 28 octobre, laissant planer la menace d’une expulsion forcée.

Le local technique des maraudes, où est entreposé le matériel de sauvetage en montagne des personnes en péril, une mission gérée par Tous Migrants et Médecins du monde, est également menacé d’expulsion et doit être rendu à la ville pour le 30 décembre. « M. Murgia a dégainé sans discuter, avec une méconnaissance totale de ce que nous faisons  » gronde dans Libération Philippe Wyon, l’un des administrateurs de Refuges Solidaires. « Il faut essayer de ne pas fermer ce lieu, c’est très important, on a de bons repas, on reprend de l’énergie. C’est rare, ce genre d’endroit » témoignait un jeune exilé de passage au Refuge Solidaire.

VoxPublic et la Coalition pour les libertés associatives en soutien

Déterminées à sauver les locaux et défendre leurs capacités d’actions, les associations locales ont décidé de mener une riposte collective en médiatisant l’affaire et en lançant un appel à soutien très large. Pour les conseiller, l’association Tous Migrants a fait appel VoxPublic avec qui elle travaille depuis plus de deux ans, notamment pour la médiatisation de procès pour délit de solidarité ayant ciblé les « 7 de Briançon ».

Tous Migrants est également membre de la Coalition pour les libertés associatives, animée par VoxPublic, qui vise à dénoncer les multiples entraves faites à l’action des associations et à développer des stratégies de riposte collective (voir le rapport "Faire face et riposter aux attaques contre les libertés associatives") et réclamer une meilleure protections des libertés démocratiques des associations et de leurs militants.

Enfin, les associations rappellent qu’elles n’ont pas vocation à combler les manquements de l’Etat et des collectivités locales en terme d’accueil et de mise à l’abri des personnes venues demander l’asile en France, tout en rappelant le devoir d’assistance à personne en danger. Elles s’alarment du « drame humanitaire annoncé » si le maire de la ville ne revient pas sur sa décision et que les exilé.e.s se retrouvent abandonné.e.s à eux/elles-mêmes en montagne ou laissé.e.s à la rue par grand froid. Une situation à laquelle ni les associations, ni un certain nombre d’élus locaux et de citoyen.ne.s ne veulent se résigner, tou.te.s bien décidé.e.s à défendre le modèle d’accueil et de solidarité qu’incarnait jusqu’à maintenant la ville de Briançon.

Appel national à soutien

Tous Migrants a lancé un appel le 21 septembre dans Libération, « Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés » qui a reçu le soutien de nombreuses personnalités et intellectuels comme Edgar Morin, Thomas Piketty, Olivier Py, Isabelle Autissier, l’évêque de Gap Mgr Xavier Malle et l’ancien champion de football Lilian Thuram.
Suite à cet appel, une pétition en ligne a été lancée et a obtenu presque 35 000 signatures, que nous vous invitons à rejoindre sur ce lien.

Revue de presse

  • « Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés », Libération, le 21 septembre 2020
  • « Hautes-Alpes/Refuge des migrants : le maire de Briançon renvoie la balle dans le camp de l’État » , Dici, le 23 septembre 2020
  • "À Briançon, le refuge des migrants menacé de fermeture" , France inter, le 23 septembre
  • « Briançon. Mobilisation pour défendre un hébergement d’urgence pour migrants », Ouest France, le 22 septembre 2020
  • Briançon : « L’expulsion de Refuges solidaires est une vraie catastrophe pour le territoire et une erreur politique » , François Carrel pour Libération, le 16 septembre 2020
  • A Briançon, le maire LR veut fermer le refuge ouvert aux migrants , Julia Pascual pour Le Monde, 16 septembre 2020
  • A Briançon, le nouveau maire LR veut fermer le refuge solidaire des migrants , Nejma Brahim pour Médiapart, 16 septembre 2020

Crédit photo : Julien Benard, Hanslucas pour Refuges Solidaires